Journaliste : Gurvan Le Guellec. Publié le 14 novembre 2021

Voici une interview très intéressante de Benjamin Moignard, sociologue qui pilote les principales enquêtes de victimation menées auprès des élèves français.

Ci-après, un extrait parlant de cet article de novembre 2021, qui souligne bien les défaillances structurelles de l’école française qui “n’est pas en état de mener le combat contre le harcèlement scolaire”. La Suisse semble elle aussi concernée, même si son fonctionnement diffère quelque peu. La récente loi votée en ce début mars 2022 par le Parlement français essaie de rattraper un tant soit peu le retard en la matière.

Forte mobilisation, dites-vous. Et pourtant les niveaux de victimation enregistrés dans vos enquêtes sont restés stables depuis dix ans…

– Parce que la lutte contre le harcèlement ne peut se résumer à une compilation de dispositifs, aussi efficaces soient-ils. Ce dont notre école a besoin, ce n’est pas seulement d’une mobilisation politique au sommet de la pyramide éducative, c’est d’une révolution culturelle sur le terrain et cela prendra du temps.

La rancœur qu’expriment beaucoup de parents de victimes n’est pas que le fruit de l’émotion ; elle rejoint un constat, partagé par l’ensemble de la communauté scientifique : l’école française n’est pas en situation de mener un combat efficace contre le harcèlement. C’est un peu brutal à dire mais c’est une réalité. Depuis 2010, beaucoup de choses intéressantes ont été faites – lignes d’écoutes, campagnes de sensibilisation, réseau d’ambassadeurs et de référents dans les établissements  – mais c’est bien la conception-même du modèle éducatif français qui pose problème.

Que voulez-vous dire ? Que l’école est structurellement harcelante ? 

– Non, bien évidemment. L’école n’est pas malveillante ; par contre, elle est construite sur des modèles qui se révèlent plutôt propices au développement du harcèlement. Celui d’une école « sanctuaire » très peu ouverte à ce qui lui est extérieur : parents d’élèves, associations, spécialistes de l’enfance… Et celui du professeur centré sur la transmission des savoirs, se sentant parfois très seul dans sa classe et considérant son travail éducatif comme secondaire, peu valorisé, voire superfétatoire.

Il n’est pas anodin que la France soit le seul pays au monde doté d’un corps spécifique – les CPE (conseillers principaux d’éducation) – chargé de la vie scolaire. Partout ailleurs, c’est la communauté des adultes, dans son ensemble, qui fait respecter la règle commune. Cela a deux conséquences positives : primo, les cours, les vestiaires, les couloirs, les toilettes, tous ces espaces en dehors de la classe, où le harcèlement prend le plus souvent corps, ne sont pas perçus par les élèves comme des espaces de non-droit et de domination. Et, secundo, les collectifs enseignants se fédèrent autour de cette mission éducative. Or toutes les recherches soulignent combien la cohésion et le dynamisme de la communauté éducative jouent sur la maîtrise du harcèlement. En France, cette cohésion manque terriblement, notamment dans les établissements les plus ghettoïsés où le turnover des équipes est extrêmement important.”

Vous retrouvez ici l’ensemble de l’interview : https://www.nouvelobs.com/education/20211114.OBS50996/notre-modele-scolaire-est-propice-au-harcelement.html#

Le suicide de Dinah résonne avec celui de Marion en 2013 et celui d’Evaëlle en 2019. Or, à chaque fois, des parents accusent l’institution de ne pas avoir agi pour protéger leur enfant…

Ces situations sont tragiques, mais il est compliqué pour un chercheur de s’en saisir. Je n’ai pas de données sur le cas de Dinah, je ne le connais pas. Ce que l’on peut dire toutefois, c’est que le harcèlement n’a pas besoin de se conclure par un suicide pour avoir des effets extrêmement néfastes d’un point de vue psychologique, social et scolaire. C’est d’ailleurs un des points sur lesquels nous avons progressé depuis dix ans.La suite après la publicité

Quand j’ai commencé à m’intéresser à ces questions, on me reprochait souvent de monter en épingle des processus de socialisation juvénile ayant existé de tout temps, ce que j’appelais le syndrome « guerre des boutons ». Ou, pire, de contribuer à la stigmatisation des classes populaires, en supputant curieusement qu’elles seraient les seules à se livrer à de tels actes.« Elle était seule contre tous » : le calvaire de Dinah, morte à 14 ans, victime de harcèlement scolaire

Ces discours de banalisation ou de déni, qui ont persisté beaucoup plus longtemps en France qu’ailleurs, reculent petit à petit. Le harcèlement scolaire s’est imposé depuis dix ans comme un enjeu social et politique, et des drames très médiatisés comme ceux de Marion en 2013 ou Dinah y ont clairement contribué.

Que peut-on dire de l’ampleur du harcèlement scolaire en France ? La statistique de 10 % d’élèves victimes est souvent citée. Mais, selon un récent sondage commandé par l’association de Nora Fraisse, la mère de Marion, 41 % des Français affirmeraient avoir été harcelés à l’école dans leur jeunesse…

Je fais davantage confiance aux enquêtes qu’aux sondages. Dix pour cent d’enfants harcelés en moyenne au primaire et au collège, c’est déjà beaucoup. Cela nous situe dans la moyenne haute européenne. Avec, par ailleurs, une exception très française : la forte polarité entre établissements, certains atteignant des niveaux de victimation très élevés. Pour arriver à ces chiffres, nous faisons un travail très fin de compilation des violences, et parfois des micro-violences, déclarées par les élèves.

Dans le sondage que vous évoquez, basé sur de l’auto-déclaratif, je crains que tous les répondants n’aient pas saisi ce que le harcèlement suppose, en termes de pluralité des formes d’agressions (physiques, verbales, psychologiques) et de récurrence de ces actes. Le risque en diffusant ce type de données est de noyer la question dans celle plus vaste des violences scolaires, de susciter des surréactions des parents – une « simple » bagarre dans la cour ne relève pas automatiquement du harcèlement – et, à rebours, une forme de saturation chez les enseignants. Un phénomène que je sens déjà poindre après la période de forte mobilisation que nous avons connue pendant les années 2010.

Forte mobilisation, dites-vous. Et pourtant les niveaux de victimation enregistrés dans vos enquêtes sont restés stables depuis dix ans…

Parce que la lutte contre le harcèlement ne peut se résumer à une compilation de dispositifs, aussi efficaces soient-ils. Ce dont notre école a besoin, ce n’est pas seulement d’une mobilisation politique au sommet de la pyramide éducative, c’est d’une révolution culturelle sur le terrain et cela prendra du temps.

La rancœur qu’expriment beaucoup de parents de victimes n’est pas que le fruit de l’émotion ; elle rejoint un constat, partagé par l’ensemble de la communauté scientifique : l’école française n’est pas en situation de mener un combat efficace contre le harcèlement. C’est un peu brutal à dire mais c’est une réalité. Depuis 2010, beaucoup de choses intéressantes ont été faites – lignes d’écoutes, campagnes de sensibilisation, réseau d’ambassadeurs et de référents dans les établissements  – mais c’est bien la conception-même du modèle éducatif français qui pose problème.

Que voulez-vous dire ? Que l’école est structurellement harcelante ? 

Non, bien évidemment. L’école n’est pas malveillante ; par contre, elle est construite sur des modèles qui se révèlent plutôt propices au développement du harcèlement. Celui d’une école « sanctuaire » très peu ouverte à ce qui lui est extérieur : parents d’élèves, associations, spécialistes de l’enfance… Et celui du professeur centré sur la transmission des savoirs, se sentant parfois très seul dans sa classe et considérant son travail éducatif comme secondaire, peu valorisé, voire superfétatoire.

Il n’est pas anodin que la France soit le seul pays au monde doté d’un corps spécifique – les CPE (conseillers principaux d’éducation) – chargé de la vie scolaire. Partout ailleurs, c’est la communauté des adultes, dans son ensemble, qui fait respecter la règle commune. Cela a deux conséquences positives : primo, les cours, les vestiaires, les couloirs, les toilettes, tous ces espaces en dehors de la classe, où le harcèlement prend le plus souvent corps, ne sont pas perçus par les élèves comme des espaces de non-droit et de domination. Et, secundo, les collectifs enseignants se fédèrent autour de cette mission éducative. Or toutes les recherches soulignent combien la cohésion et le dynamisme de la communauté éducative jouent sur la maîtrise du harcèlement. En France, cette cohésion manque terriblement, notamment dans les établissements les plus ghettoïsés où le turnover des équipes est extrêmement important.

Rassurez-nous : les enseignants ont tout de même conscience que leur mission est d’éduquer, pas seulement d’instruire…

Sur le papier, oui, mais cela reste trop souvent un vœu pieux. Je suis professeur en Inspé (les ex-IUFM) et il me semble que nos futurs enseignants ne sont pas encore assez formés à la dimension éducative et transversale de leur métier : psychologie des élèves, gestion de classe, communication avec les parents, compréhension des enjeux démocratiques de l’école. Harcèlement scolaire, ce fléau contre lequel il est urgent d’agir

L’essentiel reste trop axé sur le disciplinaire et la transmission directe du savoir. Prenons les pédagogies coopératives qui donnent de très bons résultats tant en matière d’apprentissage que de climat scolaire et s’imposent dans de nombreux pays. Force est de constater qu’en France elles sont très rarement mises en oeuvre. Pourquoi? Parce qu’elles demandent plus de travail qu’une leçon classique, que les profs n’y sont pas ou peu formés. Et que, pour tout arranger, une bonne partie de la classe politique française assimile la moindre pratique innovante à une dérive « pédagogiste ». Comment voulez-vous ensuite que les profs osent s’y confronter ? Même en primaire, qui devrait être le lieu de sensibilisation précoce au respect d’autrui, le travail éducatif semble en perte de vitesse. L’exemple type, ce sont les cours de récréation où, faute d’animation pédagogique, on laisse les enfants s’auto-organiser et les logiques de bandes ou les mécanismes de domination genrée se mettre en place.

Parlons genre justement. Dinah affichait son homosexualité et était par ailleurs très bonne élève. Or, selon vous, le harcèlement participerait d’un « virilisme » ordinaire s’attaquant aux filles, aux homosexuels mais aussi aux doux, aux « intellos » qui leur seraient assimilés. Nos adolescents sont-ils à ce point réactionnaires ? Cela ne colle pas du tout avec la liberté de mœurs qu’on associe souvent à la jeunesse post-#MeToo…

C’est en partie une question d’âge. Au collège, les phénomènes de harcèlement sont très sexués : ils touchent beaucoup plus massivement les filles, notamment lorsqu’elles dévient trop du modèle de l’élève « populaire » : celui d’une petite fille féminine voire surféminisée mais préservant sa « réputation » de future épouse hétérogenrée et n’affirmant pas trop ses prétentions intellectuelles. Au lycée, les faits de harcèlement reculent nettement et l’on constate une plus grande tolérance à l’égard des orientations sexuelles et des affirmations identitaires.Les faits de harcèlement touchent plus les filles que les garçons. (Gilles Bassignac/ Divergence).

Ceci dit, je ne pense pas que cette ouverture d’esprit soit majoritaire. Comme l’écrit ma collègue Catherine Blaya, je vois plutôt une tension croissante entre une minorité qui ose désormais revendiquer sa différence et le « conservatisme effréné » de la majorité, filles et garçons confondus, encore très attachée à une répartition traditionnelle des rôles sociaux. Des tensions qu’on retrouve aussi au sein du corps enseignant. Ce qui explique pour partie son incapacité à travailler de façon préventive avec les enfants sur la question.

N’y a-t-il pas aussi une dimension sociale au harcèlement ? Le registre viriliste et antiscolaire est souvent associé aux « jeunes de banlieue »…

Le harcèlement n’existe qu’en contexte. Il a donc forcément une dimension sociale et l’on sait que les registres virilistes, de fait, sont davantage mobilisés dans les milieux populaires. Ceci étant posé, il n’y pas en la matière de déterminisme, encore moins de fatalité. Et l’idée d’une césure entre riches éveillés et pauvres obtus me paraît caricaturale. Des établissements populaires parviennent très bien à obtenir un climat scolaire apaisé quand leurs équipes font preuve de cohésion. Tandis que d’autres, à profil élitiste, s’accommodent de taux de victimisation extrêmement élevés. A ceci près que cette réalité n’est pas perçue comme problématique puisqu’elle est souvent décorrélée des résultats des élèves. Je travaille actuellement sur des établissements aisés et ce que j’y constate n’est guère rassurant. Les choses se font de manière plus feutrée, moins voyante, mais le sexisme ordinaire, les injonctions virilistes et les risques de dérapage y sont bien présents.

Les affaires de harcèlement se déploient de plus en plus sur les réseaux sociaux. Beaucoup d’acteurs du monde éducatif font valoir qu’il s’agit d’espaces privés auxquels ils ont très peu accès… Les entendez-vous ?

Oui et non. Les réseaux sociaux changent la donne du harcèlement et élargissent le champ des responsabilités. Nombre de parents, tout en surprotégeant leurs enfants, ne perçoivent pas que les espaces numériques sont des espaces sociaux et, qu’à ce titre, ils doivent être régulés. Cela donne des situations assez paradoxales. Depuis 30 ans, les enfants et les jeunes ados ont vu leur liberté de circulation dans l’espace physique se réduire drastiquement. Mais beaucoup, dans le même temps, se retrouvent lâchés sans accompagnement sur le web alors que les risques pris sont – au moins – tout aussi élevés. Beaucoup de choses ont déjà été écrites sur ces manquements éducatifs et l’urgence de mettre en place des politiques d’aide à la e-parentalité. Contrôler les réseaux sociaux ? Plongée dans les rouages d’une modération ultra-opaque

Cela n’exonère pas pour autant l’école de sa responsabilité première. Nos études soulignent que les faits de cyberharcèlement demeurent largement minoritaires par rapport aux agressions vécues dans l’enceinte scolaire. Et que, le plus souvent, ils en sont le prolongement.

Le poids du cyberharcèlement serait donc surestimé dans le discours politico-médiatique ?

Quantitativement, oui. On cite souvent les 25-30 % de jeunes confrontés à des cyberviolences pour les mettre en parallèle avec les 10 % de jeunes subissant du harcèlement à l’école. Mais une cyberviolence n’est pas un cyberharcèlement. A ce compte-là, il faudrait rappeler que près de 70 % des élèves sont confrontés à des insultes dans l’espace scolaire. Ce qui est vrai en revanche, c’est que le cyberharcèlement, par son audience à nulle autre pareille et par son caractère extrêmement intrusif, peut avoir des conséquences très lourdes. Il ne laisse aucun répit aux victimes qui peuvent être agressées n’importe où, à n’importe quelle heure, devant n’importe qui. Cela accentue naturellement le niveau de la violence exercée.

Vous appelez à une révolution culturelle sur le terrain, ou un « changement de perspective radical » comme le préconisait déjà votre collègue Eric Debarbieux dans son rapport au gouvernement en 2011. Mais cette révolution n’interviendra pas du jour au lendemain. A court terme, ne faudrait-il pas un électrochoc ? Une pénalisation du harcèlement scolaire comme le proposent plusieurs députés de la majorité, ou au moins un cadre disciplinaire plus strict ? Beaucoup d’enseignants s’inquiètent que les harceleurs n’aient que rarement conscience de la portée de leurs actes…

Il ne faut pas tout confondre. Les enfants ont clairement besoin de référents clairs, de règles et de sanctions appliquées de manière cohérente par les adultes. Punir pour punir en revanche ne sert à rien. Toutes nos études montrent qu’à sociologie comparable les établissements qui recourent aux sanctions les plus lourdes sont ceux où le harcèlement est structurellement le plus élevé. Pourquoi ? Parce que ces sanctions lourdes, le plus souvent, ne sont pas proportionnées aux faits reprochés à l’élève. Elles sont davantage le symptôme d’un collectif d’adultes dysfonctionnel, ne parvenant pas à se mettre d’accord sur des règles communes. Et d’une direction qui cherche à acheter la paix sociale auprès d’enseignants exprimant un mal-être professionnel.

Maintenant, pour répondre à la question du court terme, je considère que l’urgence serait plutôt de terminer le déploiement de protocoles harcèlement dans les établissements, afin que les enseignants, peu formés on l’a dit à ces sujets, puissent s’adresser à des référents en situation de crise. Sur ce point, j’ai l’impression que les choses avancent. Ce qui m’inquiète davantage, c’est la prise en compte de la parole des victimes. Je l’ai indiqué plus tôt : la diffusion médiatique de la notion de harcèlement a suscité une forme de brouillage, certains jeunes et certains parents l’utilisant pour des faits qui n’ont que peu à voir avec le sujet. Cela ne doit pas réduire la vigilance des équipes. Il faut le dire et le répéter : toute parole d’élève doit être entendue et traitée, quitte à lui expliquer qu’il n’a pas été harcelé, mais brutalisé ou insulté. Ce qui en soi mérite déjà une réponse de l’institution.

Comment jugez-vous pour finir l’action de l’exécutif depuis quatre ans. Brigitte Macron a fait du harcèlement scolaire sa « grande cause ». Et à l’occasion de cette rentrée, Jean-Michel Blanquer met en avant la généralisation du programme pHARe, qui vise précisément à mobiliser les communautés éducatives des établissements…

Je n’ai pas d’avis sur l’intérêt à ce que Mme Macron se saisisse de la question du harcèlement. Si cela conforte sa reconnaissance comme enjeu éducatif et social majeur, tant mieux. Pour le reste, le ministre de l’Education nationale nous apprend qu’un nouveau programme de lutte va être généralisé. Pourquoi pas. Je mettrais juste un petit bémol. Le succès de ces programmes dédiés n’est pas tant lié à leur contenu qu’à leurs modalités et aux contextes de leur mise en œuvre. Autrement dit, ils ne fonctionnent que lorsque les collectifs d’adultes sont suffisamment soudés et sensibilisés à la dimension éducative du métier pour en faire une priorité. Ce que je veux dire par là, c’est que la révolution culturelle et le changement radical de perspective dont je vous ai parlé ne sont pas négociables. Et qu’hélas, rien n’indique qu’ils fassent partie de la feuille de route de ce gouvernement.Parents : comment réagir ?

Le premier défi est d’identifier les situations de harcèlement qui se distinguent des autres violences scolaires par leur caractère pluriel (physique, verbal, psychologique) et récurrent. Or la caractéristique première de l’élève harcelé est de masquer, voire de nier, son statut de victime. Plusieurs manifestations peuvent cependant alerter : troubles du sommeil, somatisations anxieuses du type maux de ventre, troubles du comportement se traduisant par une irritabilité inhabituelle ou au contraire un repli sur soi, arrivée en retard, absentéisme chez les plus grands, signes dépressifs enfin (pleurs, sentiment d’impasse) si l’intervention des adultes a tardé.

Que faire si ces signes apparaissent ? « Alerter directement les personnels de direction, et pas seulement les enseignants, pour que l’équipe éducative soit collectivement attentive à la situation de l’élève », conseille le sociologue Benjamin Moignard. Si les établissements font la sourde oreille, les parents peuvent contacter la plateforme d’écoute et d’aiguillage au 3020 ou, plus radical, les « référents harcèlement départementaux  » dont le contact peut être trouvé aisément sur les sites académiques. « Ils sont réactifs et, étant rattachés au recteur, peuvent mettre la pression sur les équipes pour qu’une réponse soit apportée », souligne M. Moignard. Dernier recours: les associations départementales de parents d’élèves (Peep, FCPE) « de plus en plus sensibilisées au sujet » et les associations spécialisées comme celle montée par la mère de Marion Fraisse.

G. L. G.”