Cet article est la suite de l’article “Le harcèlement scolaire expliqué par une psychologue clinicienne Anne Jeger ” à lire ici : 

Comment repérer si son enfant est victime

de harcèlement scolaire ?

Les témoins

Ce sont souvent des copains de l’enfant harcelé et/ou qui participent indirectement au harcèlement. Ils sont pour certains manipulés par le leader du groupe et sous influence avec menace d’exclusion à la clé : « si tu ne fais pas ce que je te dis, je te bute ». Ils ont souvent peur des représailles.

A cet âge, la pression du groupe de pairs est forte. Le besoin de s’identifier aux autres, le besoin d’appartenance à un groupe et celui de transgresser les interdits sont prégnants. Un enfant ou un adolescent peut se faire manipuler par un «harceleur» et harceler lui-même un autre enfant alors qu’il n’aime pas la violence. C’est une spirale infernale qu’il faut enrayer car le témoin subit une forte pression et peut être lui-même très choqué par ce qu’il voit ou entend. Or il a un rôle important à jouer car le harcèlement perdure si les témoins l’encouragent en riant (banalisent la violence), en se moquant et en se taisant.

Les signes à repérer… 

Les enfants victimes de harcèlement scolaire ne vont pas naturellement en parler à leur parents souvent par peur des représailles, à cause de sentiments de honte et de culpabilité. 

Il est donc extrêmement difficile de repérer un enfant victime de harcèlement car il ne parle pas, il ne montre pas de bleus, de coups. Par contre on peut repérer de la violence matérielle : sac d’école abîmé, cahiers chiffonnés, trousse percée, etc.

Les enseignants comme les parents doivent être attentifs aux changements de comportement et changements émotionnel de leurs élèves/enfant:

Emotions

  • tristesse apparente et chronique
  • irritabilité
  • anxiété de séparation
  • sentiment de culpabilité 

Comportements

  • repli sur soi
  • agressivité voire violence envers les autres
  • baisse de l’estime de soi
  • envie de se faire du mal, tentatives de suicide

Troubles psychosomatiques tels que maux de ventre, maux de tête, difficulté à respirer, eczéma, nausées, vomissements…

Troubles d’anxiété scolaire : chutes des résultats, absentéisme, refus de l’école (phobie scolaire)

L’enfant victime de violence répétée peut présenter un trouble de stress post-traumatique.

Il faut s’inquiéter devant tout comportement nouveau et exacerbé.

Que faire?

En tant qu’enseignant

  • Repérer les enfants qui sont en retrait, assis devant en classe, seuls à la récréation ou qui ne sont pas dans la cour (ils se cachent parfois dans les toilettes), et ceux qui ne sont pas dans les groupes
  • Ecouter si la victime vient à parler sans la JUGER, sans BANALISER et l’orienter vers un médiateur, voire le doyen ou le directeur de l’établissement

En tant que parents

Si vous avez repéré de nouveaux signes préoccupants, que votre enfant semble vous éviter, il est important de poser des questions, lui montrer que vous vous inquiétez pour lui. Commencer par des questions indirectes pour éviter qu’il ne se musèle : J’ai entendu parler d’un enfant qui se fait embêter à la récré, tu vois qui c’est ? On vous parle de tout ceci à l’école ? Je suis là en tout cas si tu veux en parler…

S’il sent que vous êtes disponible et à son écoute, il va s’ouvrir. Il a besoin de vous.

Une fois qu’il se met à parler, il est important de ne pas le juger, ne pas le dévaloriser, ne pas banaliser ses propos mais lui permettre d’exprimer ses émotions et ensuite de le rassurer. Il a besoin d’être protégé. Puis vous recueillez précisément son témoignage : les faits, le type de brimades, les moments où elles ont lieu (dates et heures), les endroits où elles ont lieu, les témoins présents, etc.

Enfin, vous lui expliquez que l’intimidateur doit être arrêté dans ses agissements sinon il va continuer à brimer d’autres enfants ; qu’il doit sans doute être inquiet à l’idée d’être sanctionné par ses parents, la direction de l’école voire la justice si vous décidez de porter plainte. Votre enfant sentira ainsi que vous vous sentez concernés par ce qui lui arrive et qu’il peut compter sur vous.