Un article écrit par Anne Jegerpsychologue clinicienne.

Elle reçoit des enfants, des adolescents et des adultes confrontés à des ruptures de lien (décès, maladie grave d’un proche, séparation, etc…), des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles, des problèmes relationnels ou des questions existentielles. 

Tu ne comprends rien … T’es bête… Regarde ton copain il fait mieux que toi … Mais quel imbécile ! …”

Certains enfants se plaignent  à leurs parents du comportement abusif de leur enseignant et ils sont rarement crus. Car, a priori, les enseignants sont des adultes qui ont une solide formation et qui ont étudié pour la plupart la psychologie de l’enfant. C’est souvent le cas, fort heureusement. 

Toutefois, et c’est assez nouveau, des enfants et des adolescents voire des parents me contactent ou me parlent en consultation de comportements préoccupants de la part des enseignants. Untel ne cesse de s’en prendre tout le temps au même élève, un autre humilie et insulte, un troisième tire les cheveux…

Ça arrive oui ! Et cela a toujours existé. Mais maintenant: on en parle.

Depuis quelque temps, il y a de plus en plus de plaintes pour harcèlement scolaire et tout ce qui touche à l’école fait s’ériger des murs de protection et notamment la protection des enseignants par la Direction.

A leur décharge, il n’est pas aisé de discerner si tel comportement ou tel propos est de l’ordre du mobbing ou non.

Le père de la notion de mobbing est Heinz LEYMANN, chercheur en psychologie, qui le définit comme « l’enchaînement, sur une assez longue période, de propos et d’agissements hostiles, exprimés ou manifestés par une ou plusieurs personnes envers une tierce personne ». Et, comme le harcèlement scolaire, ces agissements vont de la moquerie à l’insulte en passant par l’isolement, la violence verbale et physique, l’intimidation voire le chantage et la manipulation.

Il se trouve qu’à force d’entendre des plaintes, les enseignants voire la Direction, ont tendance à les minimiser voire à les banaliser. ” Il faut prendre sur toi… Tu te positionnes comme victime…Réfléchis pourquoi ton professeur a dit ça…C’était une maladresse…”

Combien de maladresses font et ont fait souffrir des enfants devenus adultes ? On le sait, elles ont des conséquences pérennes.

Il arrive que des doyens prennent au sérieux de telles plaintes et prennent à bras le corps la souffrance de leur élève. 

Il arrive que des parents prennent au sérieux la parole de leur enfant et cherchent à se faire entendre.

Comment faire pour bien faire?

Un parent qui parle à l’enseignant ou au doyen de la souffrance de son enfant prend le risque de provoquer une recrudescence du mobbing sur l’enfant, en point de mire. C’est heureusement rarement le cas. Toutefois, les parents et les enfants le craignent. Les enfants demandent par conséquent à leurs parents de se taire – exactement comme le font les victimes de harcèlement scolaire.

Je préconise le contraire.

Un enfant victime de mobbing présente des symptômes qui deviennent chroniques à terme: tristesse apparente, repli sur soi, agressivité voire violence envers soi et/ou envers les autres, anxiété de séparation, refus scolaire, des troubles somatiques tels que maux de ventre, de tête, difficulté à respirer, eczéma, nausées, vomissements… Cf article sur le harcèlement scolaire

Consulter le pédiatre voire un-e psychologue permet à l’enfant de se sentir reconnu dans sa souffrance. De tels professionnels peuvent être des soutiens précieux dans une démarche de dévoilement.

Il s’agit de bien s’entourer, d’oser dire, de chercher des solutions: avec l’enseignant, s’il est ouvert au dialogue et sait se remettre en question; avec la direction afin d’aider l’élève à recouvrer confiance en lui, et lui assurer sa protection au sein de l’établissement scolaire.

Pour se faire, le directeur doit se mettre en relation avec les organismes compétents.

Lien de l’article : https://www.vaudfamille.ch/N1065606/harcelement-scolaire-prof-eleve-on-en-parle.html

Voir aussi : https://www.ufapec.be/nos-analyses/brochure-harcelement-par-adulte-ecole.html