1 enfant sur 10 est victime de harcèlement scolaire

SI TU ES VICTIME DE HARCELEMENT : PARLE
SI TU ES TEMOIN DE HARCELEMENT : PARLE
SI TU HARCELES UN AUTRE ENFANT ET/OU SI TU ES INFLUENCE : PARLE

Un article écrit par Anne Jegerpsychologue clinicienne.

Elle reçoit des enfants, des adolescents et des adultes confrontés à des ruptures de lien (décès, maladie grave d’un proche, séparation, etc…),
des difficultés familiales, scolaires ou professionnelles, des problèmes relationnels ou des questions existentielles. 

Le harcèlement scolaire englobe tout un ensemble de brimades et d’attaques infligées par un ou plusieurs individus sur un autre enfant souvent seul: moqueries, insultes, humiliations, rumeurs, chantages, contraintes, menaces, rejets, isolement, coups.
Le harcèlement scolaire est un problème de société grave qu’il ne faut en aucun cas banaliser.
Il est le plus souvent insidieux. A la différence de la violence physique où l’enfant est marqué de coups, la violence psychologique ne laisse pas de traces visibles.
Il comporte 3 caractéristiques :
1) La violence est fondée sur des rapports asymétriques de domination et intimidation
2) La violence se répète (parfois pendant des années !)
3) La violence entraîne l’isolement

On parle de harcèlement moral ou psychologique, de harcèlement physique et de harcèlement sexuel. Le harcèlement moral est le plus fréquent à l’école.

Le harcèlement scolaire touche plus de 10% d’enfants en Suisse.
Toutefois, sachant que bon nombre d’enfants et d’adolescents ne parlent pas et n’en parleront jamais – par honte, par peur des réactions de leur parents, des professeurs, ou des harceleurs – les chiffres sont sans aucun doute plus élevés.
Le reportage «souffre-douleur, ils se manifestent» réalisé par Andréa Rowlins et diffusé sur France 5 le 10 février 2015 montre les chiffres importants que représente le harcèlement en milieu scolaire :

  • 85 % des faits de harcèlement ont lieu dans le cadre d’un groupe
  • 61 % des victimes déclarent avoir eu des idées suicidaires
  • 3 ou 4 adolescents se suicident chaque année
  • 22 % des victimes n’en parlent à personne par peur des représailles envers eux ou envers leur famille 

D’après le site www.bullyonline.org, les témoins n’interviennent seulement que dans 11 % des cas.

On ne peut pas ne pas évoquer le cyberharcèlement qui est souvent la continuité du harcèlement scolaire. On parle aussi de harcèlement digital.
Le harcèlement commence à l’école et se terminent sur les réseaux sociaux. 40 % des élèves déclarent avoir déjà subi une agression en ligne. L’incitation à la violence y est facile, gratuite et souvent anonyme. 

Beaucoup d’enfants/d’adolescents aujourd’hui manquent d’empathie, banalisent la violence, la mettent à distance, car ils y sont confrontés tous les jours via leur téléphone ou la télévision. Les écrans déshumanisent. Des adolescents en arrivent à filmer des agressions physiques et à les poster sur le net – ce qu’on appelle le videolynchage ou happy slapping. On peut se questionner sur le développement psychologique et émotionnel de cette génération-téléphone.
En France, selon l’UNESCO, + de 12.5% de jeunes entre 9-16 ans sont victimes de cyberharcèlement.
A la différence du harcèlement scolaire, le cyberharcèlement est souvent constant et répétitif car la victime est harcelée 7j/7 – 24h/24.

L’auteur va rapidement fédérer d’autres enfants pour participer à son projet de mise à l’écart. 

« Le harcèlement existe (…) parce que la victime est perçue comme vulnérable face au harceleur, inférieure psychologiquement, émotionnellement atteinte, affaiblie et impuissante, et donc accessible, facile à atteindre. » (Dr Philippe Aïm). Ce qui fait dire au Dr Aïm et à d’autres spécialistes sur le même sujet qu’un enfant n’est pas harcelé seulement parce qu’il est différent. Car tous les enfants différents ne sont pas harcelés. 

L’amorce va se faire à un moment donné où le harceleur repère une potentielle cible, l’approche et la blesse. Si l’enfant cible réagit et montre qu’il est blessé, c’est le début de l’emprise. 

Le rire des pairs est l’arme fatale du harcèlement. 

Il n’y a pas de victime-type sinon un rejet de la différence qui fait peur et confronte l’intimidateur (« Je ne me reconnais pas en l’autre » ou « J’ai les mêmes fragilités mais je ne veux pas les voir »), …….

Il n’y a pas de profil-type du harceleur mais l’intimidateur est souvent celui qui veut que les autres adhèrent aux mêmes normes que lui. Il veut être populaire, montrer qu’il est fort et être ainsi remarqué. Il est perçu comme un leader.  

Les enfants « harceleurs » ou « intimidateurs » passent à l’acte pour diverses raisons : 

  • Par jalousie parce qu’ils convoitent chez l’autre ce qu’ils n’ont pas ; 
  • Par vengeance suite à une vexation ; 
  • Par méchanceté parce que souvent ils reproduisent ce qu’ils vivent ou ont vécu eux-mêmes (à l’école ou à la maison) et « évacuent » leur souffrance sur la victime ; 
  • Par manque d’estime de soi : en rabaissant l’autre ou en s’en moquant, ils ont l’illusion de se valoriser et de gagner de l’importance aux yeux des autres. Or ils masquent des fragilités latentes. 

La suite de cet article est l’article :  » Comment repérer si son enfant est victime de harcèlement scolaire ? » à lire ici :