Moyen de communication privilégié et inexplicable, l’art permet de faire ressentir des émotions à un public par une autre manière que les mots.  Qu’il s’agisse d’un engagement politique, culturel, ou religieux, l’art est, depuis des millénaires, partie intégrante de notre société. Parfois sublime, parfois dérangeant, il n’empêche qu’il permet de remettre en question nos fonctionnements, de nous interroger sur nos croyances, et de faire une profonde introspection au cœur de notre être.

Dans l’édition « Top chef » de 2022, un candidat propose un plat réactionnaire, par un dessert en forme de sac d’école rempli de coulis de fruit rouges, pour exprimer la violence du harcèlement au sein des institutions scolaires. Cette émission suivie par des milliers de téléspectateurs a permis la visibilité d’un phénomène dont nous parlons depuis des années, grâce à des reportages, témoignages, ou enquêtes. Cependant, la puissance réside dans l’image simple et claire, qui provoque une efficacité presque choquante. Le but est d’interroger, de déranger aussi, en faisant passer un message politique à la télévision au-travers d’un plat cuisiné.

Suite à un traumatisme, il n’est pas toujours évident de poser des mots sur le ressenti, et c’est pour cette raison que de nombreuses œuvres d’art nous touchent autant : elles font résonner en nous ce quelque chose de flou et incernable. Des livres, musiques, films, vidéos, voilà autant de moyens déployés pour tenter d’expliquer l’inexplicable, de faire surgir les émotions enfouies, de les montrer dans une brutale délicatesse qui intrigue parfois plus qu’avec des paroles.

Dans les premières années, l’enfant s’éveille au contact de stimulations artistiques. Bricolages, dessins, chants, danses, tous ces modèles permettent de développer une sensibilité créatrice précieuse pour le développement. Une étude de la School of Education de l’UCLA montre aussi les bénéfices de l’art pour les enfants, qui obtiennent des résultats supérieurs en classe dès lors qu’ils pratiquent une activité créatrice par eux-mêmes. Pourtant, en grandissant, ces aptitudes sont moins valorisées que l’étude des sciences logiques et des lettres, quand bien même elles démontrent un meilleur développement dans des comportement sociaux comme l’empathie, l’entraide, ou le partage. Les compétences émotionnelles se régulent également mieux lors de la pratique d’une activité artistique.

De ce fait, ne serait-il pas essentiel de développer ces compétences durant toute la scolarité, et pas uniquement en tant qu’activité extrascolaire ? Quelles seraient les conséquences sur la problématique du harcèlement à l’école, dès lors que les bienfaits de l’art dans les contacts sociaux sont démontrés ?